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Qui Veut Être Mon Associé – Caps Me (S3E1)

Jean de Boisredon et Thibaut Louvet sont passés dans l’émission TV Qui Veut Être Mon Associé le 4 janvier 2023.

Le Contexte

Jean et Thibaut ont créé Caps Me, la capsule de café rechargeable et réutilisable. Et on les en remercie. Pendant leur passage TV, je suis allé voir le site : il a tenu ! Bravo à eux. Comme quoi, les candidats ont bien appris depuis les plantages de site des deux premières saisons.

Ont demandé : 200.000€ pour 8% (Valorisation : 2,5M€).

Ont reçu : 200.000€ pour 15% (Valorisation : 1,3M€).

A investi : Anthony Bourbon.

Le Point Technique

Parlons un peu de viralité. Comme chacun sait, j’adore cette émission parce que :

  • Elle permet aux non-entrepreneurs de se familiariser avec l’entrepreneuriat et de découvrir des aventures humaines incroyables
  • Les entrepreneurs qui souhaitent lever des fonds prennent des leçons pour le pitch et surtout l’échange qui suit
  • Tout le monde se rend compte qu’entreprendre (et lever des fonds aussi) c’est pas si facile. Ca prépare ou dissuade ceux et celles qui veulent se lancer, et ça rassure ceux et celles qui l’ont déjà fait et qui peinent un max

En revanche, il faut bien se rendre compte du biais de survie ou du survivant, comme on dit en psychologie. A quelques exceptions près, tous les candidats qui passent dans l’émission ont un succès en herbe ou avéré.

Ce n’est pas le cas de l’immense majorité des startups qui se lancent. D’ailleurs Anthony Bourbon le signale dès sa prise de parole: “Vous avez fait du chiffre d’affaires, et ça bravo, on le voit assez rarement”.

Le mot “viralité” est mentionné par Marc Simoncini dès le début de l’échange. On voit bien pourquoi les investisseurs en sont friands : bénéficier du bouche-à-oreille coche deux des cases que les angels investissant à un stade précoce recherchent :

  • Il y a un marché. Rappelons que la première cause d’échec des startups est qu’elles produisent des produits ou service dont personne ne veut
  • L’investissement réalisé va produire de la croissance rapidement (concept de capital efficiency)

Toutefois, démarrer fort, même à la hauteur de nos amis de Caps Me, c’est pas la panacée. Simoncini, encore lui, rappelle que pour passer à l’étape d’après, il va falloir mettre le paquet.

En finance, on dit que les performances passées ne préjugent pas des succès futurs. Même si les premières indications sont encourageantes, tout investisseur.se expérimenté.e sait que le coût d’acquisition des clients augmente vite une fois qu’on a passé le stade des power-users, les personnes en affinité avec le produit ou service proposé.

C’est pour cela que les investisseurs de l’émission abordent si souvent le sujet des CAC, comme on dit. Ils essaient d’évaluer si le montant investi permettra de créer suffisamment de ventes (et donc de valeur) pour arriver à la prochaine étape de croissance de l’entreprise–rentabilité, tour de financement, ou revente.

Le Point Psychologique

Pour cet épisode, j’ai décidé de relever un point lié à un critère d’investissement non-dit : à quel point les entrepreneurs sont-ils “coachables” ? C’est-à-dire soucieux de prendre en compte des conseils avisés, notamment de leurs associés investisseurs, pour éviter les erreurs généralement commises par tout entrepreneur en herbe.

C’est Marc Simoncini qui aborde ce point pendant l’échange. Après avoir relevé qu’ils avaient certes fait un très bon travail d’ingénieur, il indique qu’il faut maintenant “passer dans la phase du dessus, qui est le marketing”. Jean et Thibaut seront-ils prêts à mettre en œuvre des solutions émanant d’autres personnes ?

La réponse de Thibaut ne se fait pas attendre, et elle est de nature à rassurer les investisseurs.

Moi j’ai juste envie d’apprendre, qu’on me montre, et qu’on me dise : “On fait comme ça”.

Thibaut Louvet – Caps Me

C’est rassurant, certes, mais le problème avec la coachabilité c’est qu’on peut la feindre sur un échange d’une heure. Qu’en sera-t-il quand il faudra prendre une décision difficile mais nécessaire ? Les fondateurs sauront-ils laisser leur égo de côté et aller dans le sens indiqué ?

Les désaccords stratégiques sont l’une des premières catégories d’ire entre fondateurs et investisseurs. Ces conflits ont au moins trois causes.

Désalignement d’intérêts. L’entrepreneur.se a tous ses œufs dans le même panier, vit sa société au quotidien (parfois trop), et crée souvent un lien émotionnel avec elle. L’investisseur.se, de son côté, gère un portefeuille de participations, n’est en général pas attaché.e sentimentalement aux sociétés dans lesquelles il ou elle a investi, et dispose souvent d’une plus grande expérience (au moins observationnelle). Ce désalignement d’intérêts potentiel peut conduire à des divergences majeures sur la stratégie à suivre quand il faut prendre des décisions qui engagent irrémédiablement le futur de l’entreprise.

Incertitude. Le propre d’une jeune entreprise c’est de naviguer en pleine incertitude. Eric Ries, l’un des fondateurs du mouvement Lean Startup, en a proposé une définition très juste : “une institution humaine qui a pour but de commercialiser un nouveau produit ou service dans un environnement extrêmement incertain.” Le problème de l’incertitude, c’est que par définition, personne n’a raison a priori. Donc, c’est bien d’être coachable, encore faut-il que les conseils soient bons. Ce qui n’est pas toujours le cas, même quand ils viennent de la part d’anciens entrepreneurs devenus investisseurs, qui sont certes expérimentés, mais qui ont trop souvent tendance à calquer des solutions qui ont fonctionné pour eux sur les problèmes parfois différents auxquels les sociétés de leur portefeuille font face.

“Têtu mais pas borné”. C’est ainsi que Reshma Sohoni, la dirigeante du fond Seedcamp et lauréate de la Midas List 2022, décrit les entrepreneurs à succès. On voit bien en creux la référence à la coachabilité. Ce qu’on comprend également, c’est que les entrepreneurs ne peuvent pas passer leur vie à écouter ceux et celles qui les entourent. Je dis souvent avec les entrepreneurs que je forme “si tu écoutes tout ce qu’on te dit, t’es pas un.e entrepreneur.se. Cette ligne est très difficile à trouver. D’un côté, on n’écoute pas assez et on se plante. De l’autre, on écoute trop et on se plante. Swann Fernandez–candidat QVEMA de la Saison 1 mais dont le passage n’a pas été diffusé à l’écran–en parle très bien dans l’épisode #5 du podcast.

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